Il était une fois
Madame de Villeneuve nous présente un prince ensorcelé par une fée rancunière qui par là se venge du refus du prince de l'épouser. Elle le condamne donc à conserver l'apparence d'une Bête jusqu'à ce qu'une femme l'aime et ce sans même qu'il puisse lui laisser voir son esprit. Tout ce qu'il peut faire est se montrer généreux et la combler d'attentions. On retrouve dans la version abrégée de Mme Leprince de Beaumont le même schéma. Ainsi la Bête garde la Belle en otage qui se livre à lui pour épargner la vie de son père. Chaque soir, il lui demande si elle veut l'épouser, et chaque soir la Belle lui répondra non jusqu'au jour où croyant l'avoir tué par son absence elle se rend compte qu'elle aime la Bête. La vraie nature de la Bête est alors révélée et elle redevient un beau prince.
Made in Disney
Dans leur adaptation, les studios Disney font le choix d'un personnage ensorcelé par punition par une bonne fée. Le prince était quelqu'un de mesquin et la fée espère que cette expérience en fera un homme meilleur - si toutefois il redevenait un homme. Il n'aide pas le père de Belle, perdu dans les bois, ce sont les objets enchantés qui prennent cette initiative dans son dos et lorsqu'il l'apprend il fait enfermer Maurice dans les cachots immédiatement et c'est ainsi que Belle arrive dans sa vie et que tout va changer.
On a donc un personnage bien différent de celui du conte : la Bête est colérique, susceptible et prompt à s'emporter. Sa générosité n'entre dans l'histoire qu'après les soins que Belle lui apporte, quand il lui fait cadeau de sa bibliothèque, scène culte. Belle amène de la gaité dans la vie de la Bête qui reprend goût à des plaisirs simples tandis que le château reprend vie pour son invitée inattendue !
Comme dans le conte original, Belle quitte la Bête pour son père malade lui promettant de revenir. Mais elle est devancée par Gaston qui veut se débarrasser de la Bête, jaloux de l'amour que Belle lui porte. Il le poignarde avant de tomber dans le vide mais heureusement, Belle arrive à temps pour déclarer son amour et sauver la Bête qui retrouve alors son apparence humaine.
La Bête et le Prince
La Bête et le Prince
Plus que la seule histoire de la Belle et de sa Bête, le dessin animé est l'histoire de la confrontation entre trois figures masculines face à la rédemption : le prince mesquin ensorcelé pour sa méchanceté, la Bête cruelle qui apprend à aimer et le 'beau' chasseur qui n'apprend rien du tout - à sa perte ! Les deux premiers sont un seul et même personnage. On nous raconte l'histoire de sa transformation dans le prologue, on nous explique les conditions de sa rédemption et on le voit peu à peu changer. D'abord plein d'une rage derrière laquelle il se cache, il laisse entrer le bon et devient une toute autre personne à laquelle on s'attache très vite si bien qu'à la fin lorsqu'il redevient humain, on a l'impression d'être face à un étranger et qu'on a besoin comme Belle de voir qu'en effet c'est bien lui en regardant ses yeux ! Gaston maintenant est là pour nous montrer l'opposé de ce qu'est la Bête à la fin du dessin animé. Gaston est beau - tout du moins aux yeux des triplées et du village - mais il est mauvais, égoïste, narcissique, "un analphabète basique et primaire" qui prend cette remarque pour un compliment. Pour lui, point de rédemption. Rejeté par Belle une première fois il n'apprend pas de ses erreurs et plutôt que se racheter, il décide d'utiliser la force pour obtenir ce qu'il veut et ne pas perdre la face. C'est finalement l'homme qui se révèle être un monstre et la Bête un homme.
Le saviez-vous ?
La Belle et la Bête est un conte très populaire et compte parmi les plus adaptés. Parmi les adaptations connues on trouve bien sûr celle de 1946 de Jean Cocteau avec Jean Marais dans le rôle de la Bête. Plus récemment, le rôle est revenu à Vincent Cassel dans une nouvelle adaptation (cf. "La Belle et la Bête, et la nymphe, et les petits chiens, et les brigands, et même les dieux..."). Il y a eu également des séries télé américaines : une datant des années 80 et une nouvelle a été lancée il y a quelques années. Les américains ont aussi resitué l'histoire au lycée dans Beastly avec Alex Pettyfer. Et sans aller jusqu'à l'adaptation, on trouve régulièrement des références au conte. Par exemple chez Klaus dans The Vampire Diaries (cf. "The Beauty and the Hybrid") ou encore chez Sandor 'The Hound' Clegane du cycle de romans A Song of Ice and Fire (Le Trône de fer) (cf. "'I am no knight! : the strange case of Sandor 'the Hound' Clegane") de George R. R. Martin.
Chaque représentation de la Bête est différente : plus ou moins proche du conte original, victime d'un sortilège ou d'une expérimentation scientifique, hybride de loup-garou et de vampire ou bien guerrier sanguinaire... Mais ils ont tous un point commun : la Belle qui les rappelle à leur humanité !
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