Mickey

Mickey

Prochainement

- Monstres & Cie (2002)

- Il était une héroïne #6 : Tiana

- Robin des Bois (1973)

- Il était un personnage #11 : Mufasa

- 1001pattes (1998)

- Il était une héroïne #7 : Raiponce

- Hors-série #5 : Spirit, l'étalon des plaines

NB : Le référencement des illustrations est en cours... mais ça risque de prendre un peu de temps !

vendredi 8 juin 2012

La Belle et la Bête (1991)

Il était une fois
Hilary Knight
Une fois n'est pas coutume, ce sont à des dames que nous devons le célèbre conte de La Belle et la Bête. Madame Gabrielle-Suzanne de Villeneuve d'abord puis, Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, née en 1711 à Rouen. Celle-ci a écrit plusieurs histoires et même des traités d'éducation mais c'est grâce à ce conte, paru en 1757 - version abrégée de celui de Madame de Villeneuve - que l'on se souvient d'elle aujourd'hui. Madame Leprince de Beaumont y raconte l'histoire d'un riche marchand, père de six enfants dont la fortune va basculer. Parmi ces six enfants, il y a trois fils et trois filles mais c'est surtout aux filles que l'on va s'intéresser et, principalement, à la cadette. Les trois filles sont particulièrement belles mais la cadette, que l'on surnomme la belle enfant, surpasse encore ses sœurs et attire leur jalousie... Une jalousie qui ne fait que s'accroître quand leur père perd sa fortune. On remarque alors chez Belle une bonté de coeur qui n'existe pas chez ses sœurs, malades de ne plus pouvoir acheter étoffes et parures. Belle est présentée comme quelqu'un, qui si elle a reçu la même éducation que ses aînées, de plus intellectuel en cela qu'elle lit beaucoup.
Angela Barrett
Un jour, le père doit s'absenter mais sur le chemin, il se perd dans la forêt et craint de mourir de froid et de faim sans parler des loups qui rodent autour. Voyant de la lumière au loin, il va jusqu'à un château dont il fait son refuge. Il mange et se couche dans une chambre. Au petit matin, il trouve des vêtements propres et secs à mettre mais, ne voyant toujours personne, il attribue cette aide inattendue à une bonne fée. Il est bien loin de la vérité. En partant, il passe devant de magnifiques rosiers et, se souvenant de la demande de sa cadette, cueille une fleur pour la lui ramener. C'est là que le propriétaire des lieux se montre enfin. Une bête immense et repoussante qui le terrorise. La Bête accuse le vieil homme d'ingratitude en le voyant se servir dans ses rosiers après tout ce qu'il a fait pour l'aider et le condamne à mourir. Cependant, quand il apprend que l'homme a des filles, la Bête lui propose un marché : si l'une de ses filles vient de son plein gré au château pour prendre la place de son père, alors il lui pardonnera. Le vieil homme accepte, ne pensant pas alors sacrifier l'une de ses filles mais dire au revoir à ses enfants avant de se livrer au monstre.
Hilary Knight
Mais, quand elle apprend la situation, Belle ne laisse pas le choix à son père et l'accompagne jusqu'au château pour s'y livrer au bon vouloir de la Bête. Dans le château, la Belle trouve des appartements à son nom et trouve du réconfort en pensant qu'elle ne sera peut être pas dévorée en fin de compte ! A sa disposition, il y a des livres en grand nombre ce qui est pour elle le plus grand des bonheurs. Chaque soir à neuf heures, la Bête se montre et se joint à la Belle pendant qu'elle dîne. Et chaque soir, la Bête la demande en mariage. Ne pouvant mentir, la Belle refuse ne pouvant se résoudre à épouser quelqu'un dont elle n'est pas amoureuse. Pourtant, peu à peu, elle voit chez son hôte des qualités qu'elle n'a jamais trouvé chez les hommes qui ont pu la courtiser et elle se rend compte que sa laideur cache un cœur bon et vertueux. Bien qu'elle refuse toujours de l'épouser, la Belle accepte de rester pour toujours aux côtés de la Bête s'il lui permet de retrouver son père pendant une semaine. Elle le sait malade et veut prendre soin de lui. La Bête accepte sa demande et à son réveil, la Belle se trouve dans sa chambre de jeune fille. Là elle retrouve son père et s'expose de nouveau à la jalousie de ses sœurs qui, bien que mariées à des hommes beaux et pleins d'esprit, sont moins heureuses que leur cadette. Ces deux sournoises font alors en sorte d'empêcher la Belle de tenir sa promesse de ne rester qu'une semaine chez son père, espérant déchaîner la colère du monstre qui l'attend. Les deux aînées jouent le désespoir pour convaincre leur jeune sœur de rester et celle-ci promet de rester huit jours de plus.
Cependant, dans son bon coeur, Belle a bien de la peine. Elle craint de ne faire du mal à son ami en ne revenant pas comme promis. Elle décide alors de rentrer tout de même et, pensant à la situation de ses aînées, décide d'épouser la Bête qui s'est montrée si gentille avec elle. Sa laideur, pense-t-elle, n'est pas sa faute et ne devrait pas la priver du bonheur qu'elle mérite. Alors, le lendemain matin, Belle se réveille au château. Elle attend toute la journée avec impatience que vienne le soir et le moment de retrouver sa chère Bête. Mais quand sonnent neuf heures, la Bête ne se montre toujours pas. Belle court dans tout le château, craignant pour la vie de son ami et elle le trouve étendu dans le jardin au bord de l'eau. Accablée de chagrin, la Bête se laisse mourir. La douleur et la peur qu'elle éprouve révèlent à Belle la véritable nature de ses sentiments. Il ne s'agit pas seulement d'amitié mais bien de véritable amour. Dès que la Belle eut confessé son amour, elle ne vit plus à ses côtés une bête mais un homme. Un homme beau et plein d'esprit qui lui révèle qu'il était prisonnier d'un mauvais sort jeté par une méchante fée.
Mercer Mayer
Celle-ci avait fait de lui une bête à l'apparence hideuse derrière laquelle il devrait faire en sorte qu'une belle jeune fille l'aime sans toutefois pouvoir montrer son esprit. Il n'avait alors pour lui que sa bonté d'âme et sa bienveillance. Pour récompenser Belle d'avoir choisi la bonté et la vertu plutôt que la beauté et l'esprit, une fée lui explique qu'elle va épouser une personne chez qui toutes ces qualités sont réunies. La Belle et sa Bête, redevenu prince, peuvent vivre heureux dans leur royaume dont la porte du château est gardée par les deux sœurs transformées en statues, condamnées à être témoins du bonheur de leur cadette jusqu'à ce qu'elles reconnaissent leurs fautes.
Dans la version originale de Madame de Villeneuve, le cas de la Bête en encore différent. Il s'agit d'une œuvre longue pour un conte - plus de cent pages. Dedans, le prince perd son père jeune et sa mère le confie aux bons soins d'une fée. Mais celle-ci n'est pas une bonne fée. Quand le prince atteint l'âge adulte, elle tente de le séduire et c'est quand il se refuse à elle qu'elle le maudit. L'ascendance de Belle y est également différente. Elle est en réalité la fille d'un roi qu'on a confiée au marchand pour remplacer la perte de son propre bébé. Cette version raconte donc d'une part l'histoire de la Belle et la Bête et de leur rencontre et, d'autre part, les origines de chaque personnage.
Made in Disney
Si les studios Disney reprennent l'idée générale qui consiste à démontrer qu'il faut aller au-delà des apparences pour réellement découvrir une personne, ils ont pris bien des libertés par rapport à l'histoire écrite par Mme Leprince de Beaumont. Pour commencer, Belle y est fille unique et son père n'est pas particulièrement riche bien qu'ils vivent confortablement dans leur petite maison. Il n'est pas non plus marchand, mais inventeur, ce qui amène un brin d'originalité que l'on retrouve chez Belle dans le sens qu'elle est bien différente des autres habitants du village qui murmurent sur son passage "Qu'elle est étrange Mlle Belle !" En effet, comme dans le conte, Belle est une jeune fille qui aime lire et que les histoires font rêver. Elle rêve d'amour, d'aventures et, secrètement, de bien plus que son petit village ne peut lui offrir et c'est dans les livres qu'elle trouve satisfaction - pour l'instant...
Puisqu'il n'y a dans le dessin animé pas de sœurs pour jouer les antagonistes, les studios Disney s'en sont créés un en la personne de Gaston. Ce dernier est un jeune-homme très bien bâti, il faut l'avouer, mais aussi très très imbu de sa personne ! C'est à peine s'il sait lire mais qu'importe puisque tous sont en admiration devant ses talents de chasseur, de buveur et j'en passe. Pour résumer, et pour reprendre les mots de Belle, "un analphabète basique et primaire." Gaston s'est mis en tête d'épouser Belle et dans son petit cerveau pompeux, il ne lui vient pas à l'esprit une seule seconde que Belle pourrait refuser car, selon lui, "il n'y a pas une seule femme en ville qui n'envierait pas [sa] situation !" On imagine bien que Gaston ne va pas accepter le refus de Belle et, après l'humiliation qu'elle lui a infligé - à savoir un détour par la mare aux cochons - il compte bien mettre tout en œuvre pour faire d'elle sa femme quoi qu'il lui en coûte !
Comme dans le conte, Maurice, le père de Belle, la quitte quelques temps pour montrer son invention à la foire. Seulement, il se perd en chemin, insistant pour prendre le "raccourci" malgré la réticence du cheval Philibert à emprunter ce sombre sentier. Poursuivi par les loups, Maurice finit par trouver refuge dans un château. Celui-ci n'est n'est ce qu'on fait de plus accueillant en la matière.
Les gargouilles qui ornent les murs se tordent dans des grimaces inhumaines et les colonnes sont soutenues par des statues qui semblent souffrir sous le poids de leur charge. Plus étonnant, le château est habité par des objets qui parlent : une horloge et un chandelier pour commencer ! Mais ces objets enchantés ne sont pas les seuls  à parcourir les couloirs du château. Leur maître est un prince dissimulé dans la peau d'une bête. Il y a là une nette différence avec le conte original dans lequel le prince a été transformé par une vilaine fée. Dans le dessin animé par contre, on nous explique dans un prologue que le jeune prince est cruel et que malgré le fait qu'il ait tout ce qu'il désire, il n'est jamais satisfait. Pour punir ce coeur qui ne connaît pas l'amour, une fée le transforme en bête dans l'espoir qu'il en découvre la valeur.

Une rose est liée au destin du prince et s'il n'a toujours pas appris à aimer et réussi à se faire aimer avant qu'elle ne se soit fanée, alors il restera une bête pour toujours. Persuadé qu'il ne pourra jamais se faire aimer avec cette apparence monstrueuse, le prince se cache derrière une carapace de méchanceté et de cruauté - ce n'est donc pas avec le sourire et les bras grand ouverts qu'il accueille Maurice chez lui. A peine a-t-il mis la main sur lui qu'il le jette dans un cachot. Et c'est dans ce cachot que va le retrouver Belle, complètement gelé. Alors, craignant pour sa santé, elle propose à la Bête de devenir sa prisonnière à la place de son père et c'est ainsi que commence la captivité de la Belle...
Bien que Belle ait promis de rester à jamais prisonnière du château, elle quitte l'endroit le soir même, trop effrayée pour rester. En effet, et bien que les objets enchantés aient prié la Bête de contrôler son caractère, celui-ci a interdit à Belle de se rendre dans l'aile ouest du château alors quand il l'y trouve, sur le point de toucher la rose enchantée, il perd le contrôle de lui-même et Belle s'enfuie. Au galop, elle parcourt la forêt sur le dos de son cheval Philibert quand elle est prise en chasse par une meute de loup. La situation empire quand Philibert se trouve encerclé et se cabre, jetant Belle à terre. Celle-ci fait son possible pour se défendre avec une branche mais elle est sur le point de se faire dévorer quand la Bête arrive à son secours, rugissant sur les loups avec force. Il se bat comme un forcené et la meute fuit quand l'un d'entre eux tombe inanimé après avoir heurté un arbre. Blessé la Bête s'écroule et Belle semble d'abord envisager de le laisser là mais sa conscience le lui interdit, elle le ramène donc au château pour panser ses plaies.
Cette scène marque le début d'une amitié. A partir de ce moment, elle n'est plus tout à fait sa prisonnière, plutôt une invitée. La Bête laisse son coeur s'ouvrir à la gentillesse de Belle et décide de "faire quelque chose pour elle." Lumière a alors une idée brillante...
Puisque Belle aime tant les livres, la Bête lui offre sa bibliothèque, et quelle bibliothèque ! Des étagères entières remplies de livres comme des tours qui grimpent jusqu'au plafond - des cascades, des nuées, des océans de romans, Lumière et Big Ben ne tarissent pas de qualificatifs ! Ils ont vu juste, rien n'aurait pu lui faire plus plaisir et c'est ainsi que la Belle et la Bête se rapprochent chaque jour de plus en plus. 



Ils partagent leurs repas, lisent ensemble et se promènent dans le parc. Belle voient ses sentiments évoluer et s'attendrit devant l'image de la Bête couvert de moineaux ! Lors du bal, elle se blottit contre lui, il est son ami, son foyer et pourtant, son père lui manque...
Quand il le comprend, la Bête montre à Belle le miroir qui lui permet de voir le monde.
Belle demande à voir son père et le miroir le lui montre dans la forêt, malade et affaibli. Belle craint pour sa vie alors la Bête, malgré un coup d’œil à sa rose enchantée toujours plus nue, la relâche et l'autorise à partir le retrouver. Belle le remercie et lui promet de revenir, ce qu'elle aurait fait non sans mal s'il n'y avait eu Gaston... Celui-ci arrive avec tout le village pour faire interner Maurice dans l'espoir de convaincre Belle de l'épouser. Cependant, grâce au miroir, Belle peut prouver que la Bête existe et que son père n'est pas fou. Gaston veut alors ajouter "le monstre" à ses trophées de chasse mais quand Belle s'exclame : "Ce n'est pas lui le monstre Gaston ! C'est toi !" l'abruti qu'il est comprend tout de même que Belle éprouve des sentiments forts pour la Bête alors il en fait une affaire personnelle et marche sur le château avec les hommes du village. Le duel peut commencer et, inévitablement, la pluie se met à tomber, le tonnerre à gronder alors que les deux "soupirants" s'affrontent. La supériorité physique de la Bête ne fait aucun doute mais Gaston n'en est pas à sa première sournoiserie et le poignarde dans le dos - ce sera par contre sa dernière car il perd l'équilibre et tombe dans le vide. 
La Belle et la Bête peuvent alors se retrouver mais après un court échange et le très touchant "Au moins, je t'aurais revue une dernière fois", la Bête perd connaissance, apparemment sans vie. C'est là que Belle, désespérée par cette perte, prend pleinement conscience de ses sentiments qu'elle soupire alors sur le corps inerte de la Bête. Alors, des éclats de lumière jaillissent et la Bête est soulevé dans les airs et la transformation commence. Quand il est reposé au sol, ce n'est plus la Bête qui se trouve là mais un jeune homme. Il se réveille, surpris de retrouver son corps et alors il se tourne vers Belle. Il sait qu'elle l'aime ou la malédiction n'aurait pu prendre fin. D'abord sur la défensive, Belle reconnaît celui qu'elle aime en plongeant dans son regard bleu. Le château redevient lumineux, les objets enchantés redeviennent humains et tous peuvent enfin vivre heureux.




Ne pas se fier aux apparences
De tous les dessins animés de Walt Disney, celui-ci est sans doute mon préféré. Et, s'il a pris des chemins assez différents de ceux empruntés par le conte original, les studios Disney ont réussi avec ce long-métrage un tour de force. Les choix qui ont été faits ont fait de ce dessin animé ce qu'il est, un chef d’œuvre de Walt Disney. Garder les deux sœurs de Belle aurait été répétitif par rapport à Cendrillon, sorti en 1950. A la place ils choisissent de mettre en scène Gaston qui, en plus de jouer le rôle de l'antagoniste, offre un contraste saisissant avec la Bête. Comme le dit Belle : "Ce n'est pas lui le monstre, Gaston ! C'est toi !" Et en effet, si Gaston est beau, il est tellement mauvais à l'intérieur et insipide qu'il paraît très vite laid alors que la Bête sous ses dehors monstrueux se révèle être doux et plein de tendresse et donc beau. A tel point qu'on aurait une fâcheuse tendance à préférer la Bête au prince !
Les personnages secondaires apportent une touche de comique bienvenue au film. Que ce soit le chandelier Lumière, l'horloge Big Ben, la théière Mrs Samovar ou son fils, la tasse Zip, tous ont leur moment de gloire - les chamailleries de Big Ben et Lumière sont bien connues ainsi que la bravoure de Zip et sa manie de faire mousser le thé ! Quant à Mrs Samovar, elle interprète la chanson titre du dessin animé "Histoire éternelle".
Et, cela s'entend dans le titre, Belle comme la Bête sont protagonistes l'un au même titre que l'autre. Et, en effet, la Bête est l'un des personnages les plus intéressants des œuvres Disney. Il est profond, torturé mais on décèle en lui une douceur et une mélancolie très touchantes. Et, pour une fois, c'est la jeune fille qui sauve le prince de sa malédiction.
De plus, l'histoire de La Belle et la Bête est peut être pour moi celle qui représente l'amour sous sa forme la plus pure car Belle accepte de faire fi des apparences pour apprendre à connaître et à aimer la Bête profondément. Les personnages se sont peu à peu découverts et aimés, faisant de leurs sentiments quelque chose de palpable, de vrai et qui peut sembler plus réel qu'un amour né d'une simple rencontre comme dans Blanche Neige et les Sept Nains, Cendrillon ou encore  La Belle au Bois Dormant même si cela fait rêver !



VOTEZ, COMMENTEZ !